Dans nos sociétés hyper-développées, hyper-compétitives, le culte de la réussite est tel que l’évocation de l’échec est considérée comme malséante et démotivante, reléguée aux oubliettes et à l’inavoué.
Alors qu’il est avéré que 90 % des start-ups échouent à se développer il n’est pas fait état de prévention par rapport au risque de faillite dans un certain nombre d’écoles de commerce françaises par peur de démotiver les étudiants. Et pourtant bon nombre de ces futurs créateurs d’entreprises gagneraient à connaître les impasses et les pièges qui jalonnent le parcours d’un chef d’entreprise. Ils gagneraient aussi à savoir que l’on se remet d’une faillite, qu’il existe des instances et des associations chargées de la prévention d’une éventuelle faillite tels que E&E (Entraide et Entrepreneurs) permettant de sécuriser leur développement.
A l’école, l’échec scolaire est stigmatisé à l’extrême, générant diverses formes de violence au sein de l’institution sans pour autant changer la donne pour les enfants et les adolescents victimes de ce dictât assimilant réussite scolaire et promotion sociale.
De ce fait, on sous-évalue les formes d’intelligence qui ne sont pas purement analytiques (cf. la théorie des intelligences multiples explorée par Howard Gardner et Robert Stemberg) et on réduit considérablement si ce n’est pas complètement, les potentiels inhérents à l’exercice de ces formes d’intelligence.
Et pourtant toute vie est jalonnée d’échecs et de succès qui font partie d’un même apprentissage ; celui d’être présent à sa vie, d’en devenir co-créateur de manière consciente et bienveillante par le passage à l’action, à la fois individuelle et collective.
Le sentiment d’échec
Le sentiment d’échec est souvent teinté de culpabilité, de mésestime de soi. On a l’impression de n’avoir pas fait ce qu’il fallait au moment où il le fallait. Cela s’accompagne d’un sentiment de perte, souvent irrémédiable. Le deuil de ses propres attentes, des projets qu’on avait formulés s’avère d’autant plus difficile lorsqu’il est soumis aux pressions familiales et à la norme sociale. Il faut alors sortir du drame pour y voir plus clair et pour rebondir dans une direction nouvelle, là où les capacités existantes pourront être renforcées, où d’autres capacités sont à découvrir.
Pour ne citer qu’un exemple, Steve Jobs a dû affronter de gros échecs dans sa vie suivis de périodes de doute et de remise en question (son abandon des études universitaires à l’âge de 17 ans, puis son renvoi d’Apple lorsqu’il avait 30 ans) avant de devenir le créateur et l’homme d’affaires que l’on connaît. Son discours auprès des étudiants de l’Université de Stanford en 2005 sur le sujet est édifiant. Toute personne qui se trouve dans une problématique d’échec professionnel, voire scolaire, pourrait trouver, à l’écoute de ce discours, la force de rebondir et de repartir à zéro.
Ce qui a fait la différence ? Steve Jobs croyait profondément en lui et il aimait ce qu’il faisait. Dès lors, ces échecs apparents sont devenus de formidables opportunités à suivre un chemin hors des sentiers battus et à développer des capacités insoupçonnées.
Même si votre estime personnelle est en baisse du fait de votre échec lors d’un concours ou d’un examen ou du fait de la faillite de votre entreprise, considérez que ce creux de la vague est momentané et soumis aux aléas de la situation. Il ne saurait réduire l’être que vous êtes, avec ses qualités, ses rêves et ses aspirations, ses combats et ses victoires. Si vous le pouvez, considérez l’épreuve sous son aspect éducatif. Qu’est-ce que cette situation a à vous révéler de votre cheminement ? Étiez-vous pleinement en accord avec la destination ? Avec les modalités ? Étiez-vous dans un conflit intérieur vous interdisant de poursuivre cette expérimentation ? Entretenez-vous une fidélité d’action ou de pensée par rapport à un membre de votre famille qui vous ait freiné dans votre évolution ? S’il vous était donné de recommencer sous une autre forme cette expérience, vous y reprendriez-vous de la même manière ?
Myriam Pailler