Je m’appelle L., j’ai 31 ans, et je reviens de loin.
L’appel de l’entreprenariat a commencé à résonner très tôt en moi, déjà adolescente. Pourtant, issue d’une famille de fonctionnaires de grands-parents à petits-enfants, c’était plutôt une voix qu’il me fallait enfouir au plus profond.
Rechercher la stabilité de l’emploi, ne pas prendre de risques inutiles, surtout compte-tenu de la conjoncture actuelle », devait être le credo guidant mes pas dans mes choix d’études et professionnels. Malgré tout, la vie est bien heureusement faite d’opportunités, qui sont parfois là pour nous ramener à ce que nous sommes vraiment, tout au fond.
Ce fut le cas pour moi en 2014. A 28 ans à peine, je tombe sur l’occasion en or de pouvoir créer ma propre entreprise, dans le domaine des services à la personne, et là, c’est l’évidence. Un peu comme un coup de foudre, j’ai le sentiment d’avoir trouvé L’idée qui réunit mes valeurs, mon identité, et une utilité sociale.
La tête néanmoins sur les épaules malgré l’excitation provoquée par un tel projet, je poursuis les étapes classiques d’avant-création (étude de marché, business plan, rencontres des différents partenaires et parties prenantes…).
Tout se précise alors : je vais pouvoir monter mon agence ! Ainsi, en 2015, l’agence a un nom, une domiciliation, et les premiers clients affluent. Le démarrage est dynamique, même si les premières difficultés arrivent elles aussi. Le secteur n’est pas facile, et la gestion non plus. Mais c’est cela aussi, l’entreprenariat !
Il suffit de le savoir, et cela doit normalement nous permettre de faire montre d’une force à toute épreuve. L’exigence qui incombe au chef d’entreprise demande une disponibilité et une proactivité sans failles.
Pourtant, il s’agit bien d’un triptyque pour que cela fonctionne : le gérant, l’entité, et l’environnement. Le plus difficile, c’est de savoir distinguer les pierres d’achoppement qui entachent quelque peu la route, de celles qui font que le navire prend sérieusement l’eau…
Avec les premières embuches au sein de la société, sont arrivées les premières cicatrices personnelles. Les doutes que l’on enfouit de peur de perdre l’optimisme et l’idéal si caractéristiques de l’entrepreneur. La honte de ne pas y arriver, de perdre les deniers investis, en plus de toute crédibilité. L’orgueil de se dire qu’on ne parvient pas à se dégager une situation convenable de nos efforts si intenses. Et la solitude… la solitude… celle qui enferme, celle qui détruit, celle qui étouffe.
Il ne faut pas dire que ça ne va pas. Ca ne peut pas ne pas aller d’ailleurs. De toute façon, il faut tout faire pour que ça aille ! Tout faire… mais jusqu’à quel point ?
Au point de confondre l’entreprise et soi.
C’est à ce moment précis que j’ai touché le fond, non seulement au niveau de l’entreprise mais également au niveau identitaire. Je ne me reconnaissais plus, et j’avais une angoisse qui ne me quittait plus. Une ambivalence en même temps, car l’instinct de survie qui me sommait de stopper l’hémorragie, et le refus d’abandonner, car abandonner c’est enfouir tout ce que l’on a déjà surmonté. Malgré tout, subsistait le sentiment très prégnant que je ne parviendrais pas à m’en sortir indemne, et que j’avais finalement embarqué beaucoup de monde dans ma déchéance. Car ceux qui demeurent autour de nous, lorsque l’on souffre trop pour les entendre, sont bien courageux.
Après un long moment d’errance, à tout essayer pour que le renouveau survienne tel que je le façonnais dans mon esprit, et parce qu’il y a aussi autour de nous des voix qui s’élèvent un peu plus fort pour nous secouer, j’ai décidé d’accepter de l’aide.
Elle s’est matérialisée par le concours de l’association Entraide et Entrepreneurs, représentée par sa Présidente Mme Claudine Péry.
Je suis arrivée avec tout mon brouillard, mes angoisses, mon passif, mon sentiment d’échec. Loin de la rétention d’informations, j’ai pris l’une des seules bonnes décisions que j’étais encore capable de prendre à l’époque : TOUT livrer, et ME livrer. C’était indispensable pour qu’ils puissent à leur tour comprendre, et m’aider en profondeur.
Certes, ce fut quelque peu « mécanique » au départ : je produisais ce qui m’était demandé. Mais petit à petit, par l’expertise des compétences déployées, par la qualité de l’écoute sans jugement démontrée, par la dynamique bienveillante insufflée par l’ensemble des membres du comité, j’ai refait surface.
A commencer par me sentir moins seule et moins perdue. Techniquement, j’ai eu de véritables guides qui n’ont pas fait à ma place, mais qui a contrario m’ont aidée à garder le contrôle. Et personnellement, j’ai bénéficié d’un accompagnement personnalisé via le coaching sans lequel je n’aurais absolument pas conservé une unité d’âme. Cette double appréhension de la situation est une vraie valeur ajoutée, car comme évoqué précédemment, il y a indéniablement une concordance entre la situation de l’entreprise et la situation de notre être intérieur.
Et dans cette phase du « prendre soin », il faut véritablement que les deux soient nourris. Le format proposé ne fait certes pas sens tout de suite, mais il permet de prendre du recul, quelle que soit la décision à prendre au bout du compte, face à cette subtile leçon de vie qui réside entre le « tenir bon » et le « lâcher prise ». Surtout, il permet de RE-BON-DIR ! Car toute l’équipe est là tant que l’on n’a pas retrouvé une forme de sérénité, et tant que l’on n’a pas atteint les objectifs fixés ensemble lors du coaching.
Alors de tout cœur, merci Claudine, Max, Carmen et Véronique : j’ai bien conscience que je n’en serais pas là sans vous.
Je m’appelle L., j’ai 31 ans, je reviens de loin, mais aujourd’hui je sais que je continuerai à aller loin, au-devant de tout ce que la vie veut bien m’apporter.